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Synopsis- BĂątisseurs de l'ancien monde Les archĂ©ologues ont mis au jour des Ă©difices antiques monumentaux prĂ©sentant d'Ă©tonnantes similitudes en Inde, en Égypte, au PĂ©rou, en Turquie, en GrĂšce, au Cambodge ou encore sur l'Ăźle de PĂąques. Leur prĂ©cision et leur beautĂ© dĂ©fient la raison moderne. Ces sites archĂ©ologiques dĂ©montrent JusteMERCI | Evelyne Beverina | Đ’ĐšĐŸĐœŃ‚Đ°ĐșтД Juste MERCI PatricePouillard est venu sur Btlv pour parler de son nouveau film " BAM : Les bĂątisseurs de l'Ancien Monde". L'Ăźle de PĂąques, Machu Picchu, le temple de Louxor, ou encore celui de Bayon au dIdeK0. Évangile du 3e dimanche de PĂąques annĂ©e C, selon l’écrit de Jean 21, 1-19 1 JĂ©sus se manifeste encore aux disciples sur le bord de la mer de TibĂ©riade. Voici comment il se manifeste. 2 Il y a ensemble Simon-Pierre, Thomas appelĂ© le jumeau et NathanaĂ«l originaire de Cana en GalilĂ©e, et les fils de ZĂ©bĂ©dĂ©e, et deux autres de ses disciples. 3 Simon-Pierre leur dit Je m’en vais pĂȘcher. Ils lui disent Nous allons nous aussi avec toi. Ils sortent et montent dans la barque. Cette nuit-lĂ  ils ne capturent rien. 4 Quand l’aube est dĂ©jĂ  arrivĂ©e, JĂ©sus se tient sur le rivage. Cependant les disciples ne savent pas que c’est JĂ©sus. 5 Alors JĂ©sus leur dit Les enfants! Avez-vous quelque chose Ă  manger? Ils lui rĂ©pondent Non! 6 Il leur dit Jetez le filet sur le cĂŽtĂ© droit du bateau et vous trouverez. Ils jettent donc et n’ont plus la force de le tirer Ă  cause de la multitude de poissons. 7 Alors le disciple que JĂ©sus aime dit Ă  Pierre C’est le Seigneur! Alors, quand Simon-Pierre entend que c’est le Seigneur, il se ceint de sa blouse -car il est dĂ©vĂȘtu- et il se jette Ă  la mer. 8 Les autres disciples viennent en barque, en tirant le filet plein de poissons. Ils ne sont pas loin de la terre Ă  environ cent mĂštres. 9 Lorsqu’ils dĂ©barquent Ă  terre, ils voient qu’il y a lĂ  un feu de braises et du poisson placĂ© dessus et du pain. 10 JĂ©sus leur dit Apportez de ces poissons que vous venez de capturer. 11 Simon-Pierre monte donc et tire Ă  terre le filet plein de gros poissons 153. Bien qu’il y en ait tant, le filet ne se dĂ©chire pas. 12 JĂ©sus leur dit Venez manger! Pas un des disciples n’ose le questionner Toi, qui es-tu?» car ils savent que c’est le Seigneur. 13 JĂ©sus vient donc et prend le pain et leur donne; et le petit poisson de mĂȘme. 14 C’est la troisiĂšme fois que JĂ©sus se manifeste aux disciples depuis qu’il s’est rĂ©veillĂ© d’entre les morts. 15 Quand ils ont mangĂ©, JĂ©sus dit Ă  Simon-Pierre Simon, fils de Jean, m’aimes-tu plus que ceux-ci? Il lui dit Oui, Seigneur, tu sais que j’ai de l’amitiĂ© pour toi. Il lui dit Fais paĂźtre mes agneaux. 16 Il lui redit une deuxiĂšme fois Simon, fils de Jean, m’aimes-tu? Il lui dit Oui, Seigneur, tu sais que j’ai de l’amour pour toi. Il lui dit Sois pasteur de mon troupeau. 17 Il lui dit pour la troisiĂšme fois Simon, fils de Jean, as-tu de l’amour pour moi? Pierre est attristĂ© de ce qu’il lui dise pour la troisiĂšme fois As-tu de l’amour pour moi? Il lui dit Seigneur, toi tu sais tout; tu connais mon amour pour toi. JĂ©sus lui dit Fais paĂźtre mon troupeau. 18 Amen, amen, je te dis quand tu Ă©tais jeune, tu nouais toi-mĂȘme ta ceinture et tu allais oĂč tu voulais. Mais quand tu deviendras vieux, tu Ă©tendras les bras et un autre nouera ta ceinture et il t’entraĂźnera lĂ  oĂč tu ne veux pas. 19 Il dit cela pour signifier de quelle mort il glorifiera Dieu. AprĂšs ces paroles, il lui dit Suis-moi! — Le commentaire du pain sur la table, par Georges Convert. Ce chapitre 21 peut se comparer Ă  un triptyque qui dĂ©crit les activitĂ©s de la premiĂšre communautĂ© chrĂ©tienne d’aprĂšs Paques le premier volet relate la pĂȘche miraculeuse; le second volet raconte le repas de JĂ©sus et de ses disciples; la troisiĂšme volet dĂ©crit le dialogue entre JĂ©sus et Pierre. Au premier abord ce texte semble un ajout au rĂ©cit Ă©vangĂ©lique de Jean. Le chapitre prĂ©cĂ©dent s’est terminĂ© par une conclusion qui semble finale JĂ©sus a opĂ©rĂ© bien d’autres signes qui ne sont pas consignĂ©s dans ce livre. Ceux-ci l’ont Ă©tĂ© pour que vous croyiez que JĂ©sus est le messie, le fils de Dieu Jn 20,30-31. Pourtant voici que le rĂ©cit reprend avec une apparition de JĂ©sus, qu’on dit la troisiĂšme. La scĂšne n’est plus Ă  JĂ©rusalem, comme dans le chapitre prĂ©cĂ©dent, mais en GalilĂ©e. C’est sur cette mer qui est un lac que Luc a situĂ© une pĂȘche miraculeuse qui se dĂ©roule au dĂ©but du ministĂšre de JĂ©sus cf. Lc 5,1-11. On s’est demandĂ© si ce n’était pas la mĂȘme pĂȘche que chaque Ă©vangĂ©liste aurait utilisĂ©e en la plaçant Ă  l’endroit le plus intĂ©ressant pour sa catĂ©chĂšse. Ce rĂ©cit ne semble pas ĂȘtre la suite du rĂ©cit prĂ©cĂ©dent d’une part, il ne nous est pas donnĂ© de jour pour cette apparition; d’autre part, il serait surprenant que les disciples ne reconnaissent pas le RessuscitĂ© puisqu’il leur ait apparu dĂ©jĂ  deux fois et qu’il leur a confiĂ© de poursuivre sa mission de rĂ©conciliation Ceux Ă  qui vous remettrez les pĂ©chĂ©s, ils leur seront remis Jn 20,23. Ce rĂ©cit se prĂ©sente plutĂŽt comme une sorte d’épilogue -indĂ©pendant chronologiquement de ce qui prĂ©cĂšde- comme on reproduirait Ă  la fin d’un livre une peinture rĂ©sumant tout l’ouvrage. Simon-Pierre monte donc et tire Ă  terre le filet plein de gros poissons 153. Bien qu’il y ait tant, le filet ne se dĂ©chire pas. Pourquoi les disciples sont-ils retournĂ©s Ă  leur premier travail de pĂȘcheurs? Dans les rĂ©cits de Marc et de Matthieu, au matin de PĂąque, le messager divin annonce aux disciples qu’ils verront JĂ©sus ressuscitĂ© en GalilĂ©e Vous cherchez JĂ©sus de Nazareth, le crucifiĂ© il n’est pas ici. Allez dire Ă  ses disciples et Ă  Pierre Il vous prĂ©cĂšde en GalilĂ©e; c’est lĂ  que vous le verrez Mc 16,6-7. L’Évangile de Pierre un texte datĂ© du 2e siĂšcle va dans le mĂȘme sens Or, le dernier jour des Azymes, beaucoup de gens s’en retournĂšrent chez eux. Nous, les douze disciples du Seigneur, nous pleurions et nous Ă©tions affligĂ©s. Chacun, attristĂ© par l’évĂ©nement, rentra chez lui. Quant Ă  moi, Simon-Pierre, et mon frĂšre AndrĂ©, nous prĂźmes nos filets et nous allĂąmes Ă  la mer» Évangile de Pierre, 58-60. Comme dans le rĂ©cit de Luc, les pĂȘcheurs peinent toute la nuit sans rien prendre. Dans le rĂ©cit de Luc, la pĂȘche miraculeuse se terminait par l’appel de JĂ©sus DĂ©sormais, ce sont des humains que vous prendrez vivants Lc 5,10. Ici aussi la pĂȘche est vĂ©cue comme un mimodrame celui de la vocation des disciples de JĂ©sus appelĂ©s Ă  jeter le filet avec lui pour arracher les ĂȘtres humains aux forces du mal en les rassemblant dans la famille du PĂšre des cieux. La nuit symbolise le monde privĂ© de la lumiĂšre de Dieu. Les eaux profondes de la mer Ă©voquent les forces du mal, les abĂźmes de la mort spirituelle. JĂ©sus est bien la lumiĂšre qui est venue dans le monde Jn 12,46 pour que ceux qui mettent en lui leur confiance ne demeurent pas dans les tĂ©nĂšbres. Alors que, sans JĂ©sus, les disciples ont peinĂ© sans rien prendre, avec lui, ils vont arracher aux forces du mal, aux abĂźmes marins, 153 poissons. On s’est beaucoup interrogĂ© sur ce chiffre. Aucune des explications n’est totalement concluante. Saint JĂ©rĂŽme disait que les naturalistes de langue grecque avaient recensĂ© 153 espĂšces de poissons. Le chiffre signifierait donc que c’est la totalitĂ© des ĂȘtres humains qui sont appelĂ©s Ă  ĂȘtre rassemblĂ©s dans le rĂšgne de Dieu. Saint Augustin parvenait au mĂȘme sens mais en voyant, dans le chiffre 153, la somme des nombres jusqu’au nombre premier indivisible 17 1 + 2 + 3 + 4 
 jusqu’à 17 = 153. En reprĂ©sentant graphiquement chaque nombre par autant de points correspondants, alignĂ©s et centrĂ©s les uns au-dessous des autres, on dessine un triangle Ă©quilatĂ©ral, dont chaque cĂŽtĂ© a une longueur de 17 points» B. Schwank, AssemblĂ©e du Seigneur 24, p. 60. Voici donc rĂ©alisĂ©e la promesse faite par JĂ©sus lorsqu’il annonçait sa mort Maintenant le Prince de ce monde va ĂȘtre jetĂ© dehors. Quand je serai Ă©levĂ© de terre, j’attirerai Ă  moi tous les ĂȘtres humains Jn 12,32. Ce sera la tĂąche des disciples de JĂ©sus tout au long de l’histoire, celle de l’Église, Ă  la suite de JĂ©sus qui a donnĂ© sa vie pour rassembler dans l’unitĂ© les enfants de Dieu qui sont dispersĂ©s Jn 11,52. Mais cette pĂȘche, qui rassemble une multitude de poissons, peut ĂȘtre aussi la prĂ©figuration de l’aboutissement de cette mission une autre maniĂšre de raconter le Jour du Jugement dernier cf Mt 25,31ss, le grand Jour de l’inauguration de la victoire du RĂšgne de Dieu sur le m le verbe traduit que JĂ©sus manifeste sa gloire. Le verbe est peut-ĂȘtre employĂ© ici pour souligner qu’à travers la pĂȘche miraculeuse, le RessuscitĂ© va manifester sa gloire de fils unique de Dieu, c’est-Ă -dire la puissance de son amour pour les ĂȘtres humains. Comment se fera cette manifestation? Ici, les disciples sont sept. On sait que ce chiffre est le symbole de la totalitĂ©. Il est utilisĂ© dans les rĂ©cits du deuxiĂšme repas des pains multipliĂ©s cf Mc 8,1 et ss, qui veulent dĂ©crire que le repas du Seigneur rassemblera des gens de tous les peuples, et pas seulement des gens du peuple Juif. Dans la premiĂšre communautĂ© de JĂ©rusalem, on choisira aussi 7 diacres pour servir les chrĂ©tiens qui ne sont pas d’origine juive En ces jours-lĂ , le nombre des disciples augmentait et les HellĂ©nistes se mirent Ă  rĂ©criminer contre les HĂ©breux parce que leurs veuves Ă©taient oubliĂ©es dans le service quotidien. Les Douze convoquĂšrent alors l’assemblĂ©e plĂ©niĂšre des disciples et dirent Il ne convient pas que nous dĂ©laissions la parole de Dieu pour le service des tables. Cherchez plutĂŽt parmi vous, frĂšres, sept hommes de bonne rĂ©putation, remplis d’Esprit et de sagesse, et nous les chargerons de cette fonction.» On choisit Etienne, un homme plein de foi et d’Esprit Saint, Philippe, Prochore, Nicanor, Timon, ParmĂ©nas et Nicolas, prosĂ©lyte d’Antioche Ac 6,1-6. Fais paĂźtre mon troupeau! JĂ©sus avait dit Ă  Pierre Quand tu seras revenu, affermis tes frĂšres Lc 22,32. Ici, il lui confie de continuer sa propre mission de pasteur. Le pasteur est celui qui nourrit son troupeau en le menant sur les terres nourrissantes. Pasteur, pĂąturages, repas ont la mĂȘme origine, la racine pa ce qui nourrit. Il est demandĂ© Ă  Pierre de veiller Ă  rompre le pain de la Parole Ă  ses frĂšres pour nourrir leur foi. Mais le bon pasteur est aussi celui qui donne et se donne Je suis le bon pasteur, je connais mes brebis et mes brebis me connaissent
. et je me dessaisis de ma vie pour les brebis Jn 10,15. JĂ©sus rappelle Ă  Pierre que sa mission de pasteur le conduira aussi au don de sa vie Un autre te mĂšnera lĂ  oĂč tu ne voudrais pas v. 18. Le rĂ©dacteur de l’évangile explique que JĂ©sus indique ainsi par quelle mort Pierre glorifiera Dieu. L’histoire nous dit que Pierre sera martyrisĂ© Ă  Rome en l’an 64 et qu’il a probablement Ă©tĂ© crucifiĂ©. C’est peut-ĂȘtre Ă  cette crucifixion que fait allusion le fait d’étendre les bras. En effet, dans les textes chrĂ©tiens anciens Ă©tendre les bras est une expression qui est utilisĂ©e pour dire ĂȘtre crucifiĂ©. La premiĂšre lettre de Jean Ă©tend d’ailleurs Ă  tout chrĂ©tien l’exigence de se donner jusqu’au don de sa vie JĂ©sus a donnĂ© sa vie pour nous, nous aussi nous devons donner notre vie pour nos frĂšres 1Jn3,16. Cet amour qui est demandĂ© n’est pas seulement celui de l’amitiĂ© humaine mais celui qui vient de Dieu l’agapĂ©, comme le dit encore la lettre de Jean Mes biens aimĂ©s, aimons-nous les uns les autres l’amour vient de Dieu et celui qui aime est nĂ© de Dieu 1Jn 4,7. Si cette exigence de livrer sa vie est demandĂ©e Ă  tout disciple, a fortiori est-elle inscrite dans la vocation du pasteur. VoilĂ  donc, en finale du rĂ©cit de Jean, un triptyque qui dĂ©crit l’avenir de l’assemblĂ©e des disciples de JĂ©sus ils ont mission d’ĂȘtre des rassembleurs, des bĂątisseurs de communion dans le monde; ils se retrouvent Ă  la table du Seigneur pour se nourrir de sa Parole et de son amour; ils ont, au sein de leur communautĂ©, des pasteurs qui veillent Ă  rompre le Pain du Christ. Cela ne peut se faire sans que chaque disciple se situe face Ă  JĂ©sus, en passant de l’état de serviteur Ă  celui d’ami Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur reste dans l’ignorance de ce que fait son maĂźtre; je vous appelle amis, parce que tout ce que j’ai entendu auprĂšs de mon PĂšre, je vous l’ai fait connaĂźtre Jn 15,15. Vivre en disciple du Christ, c’est lier avec JĂ©sus une amitiĂ© forte et passionnĂ©e. Mais la qualitĂ© de notre amitiĂ© avec JĂ©sus passera par la qualitĂ© de notre amour pour le prochain on ne peut aimer JĂ©sus en vĂ©ritĂ© qu’en aimant de bontĂ© gĂ©nĂ©reuse son prochain Si quelqu’un dit J’aime Dieu», et qu’il haĂŻsse son frĂšre, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frĂšre, qu’il voit, ne peut pas aimer Dieu qu’il ne voit pas 1Jn 4,20. Et on ne peut aimer de bontĂ© gĂ©nĂ©reuse qu’en puisant en JĂ©sus la force de cet amour. C’est ce qu’au 5e siĂšcle saint Augustin disait dĂ©jĂ  Ă  ses diocĂ©sains Aimons-le donc, que rien ne nous soit plus cher que lui. Pierre ne lui dit rien d’autre que son amour. Le Seigneur ne lui demande rien d’autre que cet amour. Pensez-vous que le Seigneur ne nous interpelle pas? Pierre seul a-t-il mĂ©ritĂ© d’ĂȘtre interpellĂ©, pas nous? À la lecture de ce texte, chaque chrĂ©tien se sent interpellĂ© en son coeur, et quand tu entends le MaĂźtre demander Pierre, m’aimes-tu? pense qu’il est un miroir, et regarde-toi dedans. Pierre portait-il autre chose que la figure de l’Église? Lorsque le Seigneur interpelle Pierre, c’est nous qu’il interpelle, c’est l’Église qu’il interpelle.» citĂ© dans Lectures pour chaque jour de l’annĂ©e, Cerf 1974, p. 246. Au milieu des souffrances de ce monde, isolĂ©s dans nos tours d’ivoire, nous risquons de ne plus te voir. Ta prĂ©sence au milieu de nous se manifeste quand nous partageons le pain. Apprends-nous Ă  nourrir le jardin de la terre hommes et femmes innombrables, diffĂ©rents mais appelĂ©s Ă  aimer. Que nos communautĂ©s deviennent signes du pain et du vin partagĂ©s Que le silence amoureux de ta prĂ©sence absente devienne notre force pour rassembler sous le toit de l’amour tous les humains. Amen! Georges Convert »»» Questions 1. À quel moment de la vie de JĂ©sus se situe cet Ă©pisode? 2. Quel peut ĂȘtre le sens symbolique du chiffre 153? 3. Quelle est la signification de ce partage du repas pour les disciples qui ont abandonnĂ© JĂ©sus lors de son arrestation? 4. Comment comprendre la triple demande de JĂ©sus Ă  Pierre? 5. Quel est le sens symbolique du chiffre 7? 6. Quel est le sens du mot pasteur? 7. Que peut signifier pour l’Église d’aujourd’hui la pĂȘche miraculeuse? 8. À qui s’applique aujourd’hui la demande de JĂ©sus Ă  Pierre de paĂźtre le troupeau? BAM BĂątisseurs de l'ancien monde Documentaire 2019 2 h 18 min iTunes Disponible sur Prime Video, iTunes Sommes-nous vraiment la premiĂšre civilisation avancĂ©e de la Terre ? C’est l’audacieuse question posĂ©e par ce film. Face aux incohĂ©rences et aux contradictions des hypothĂšses courantes, aux relevĂ©s de terrain obtenus par l’utilisation de techniques de pointe RugosimĂštre, Scan 3D, Lidar et aux Ă©tonnants points communs architecturaux entre certaines sociĂ©tĂ©s anciennes, une enquĂȘtrice interroge scientifiques, ingĂ©nieurs et experts, afin de comprendre, sous un angle technique et non historique, ces vĂ©ritables prouesses architecturales qui dĂ©fient objectivement la raison. De l'Ăźle de PĂąques Ă  l'Inde, en passant par l'Égypte, le PĂ©rou, la Bolivie, la Turquie, la GrĂšce et le Cambodge, embarquez pour une visite des plus majestueux sites archĂ©ologiques de la Terre, comme vous ne les avez probablement encore jamais vus, pour un fascinant voyage aux confins des origines de notre civilisation
 qui risque bien de changer Ă  jamais votre regard sur notre passĂ© Documentaire 2019 2 h 18 min iTunes Tout public En vedette Alika Del Sol, Erik Gonthier, Jean-Louis Boistel RĂ©alisation Patrice Pouillard Bandes-annonces Similaires Distribution et Ă©quipe technique La Crypte TrĂšs souvent la Loge est comparĂ©e Ă  une grotte, Ă  une crypte, Ă  une caverne. Cela nous fait penser au mythe de la caverne de Platon oĂč les pauvres humains s'y blottissent et sont Ă  la recherche dĂ©sespĂ©rĂ©e des pĂąles reflets de la lumiĂšre. Mais Ă  l'inverse, peut-ĂȘtre sommes-nous au cƓur du monde sensible d'Aristote qui nous Ă©blouit de ses feux souvent trompeurs ? Toujours est-il que les arches et sa voĂ»te du mythe de la caverne, paradoxe, sont parfois comparĂ©s Ă  un arc-en-ciel, comme dans certains textes maçonniques prĂ©-Pritchard. A la fois paradoxe et paradigme. Nous connaissons cette reprĂ©sentation ancienne du monde, celle d'un monde plat et d'une voĂ»te cĂ©leste, sphĂšre parfaite oĂč les Ă©toiles sont accrochĂ©es, et dont les deux luminaires principaux, le soleil et la lune, tournent Ă  l'intĂ©rieur de celle-ci. MĂȘme si Aristote avait affirmĂ© une terre ronde et proposĂ© pour la premiĂšre fois un calcul de sa circonfĂ©rence, et, Ă  sa suite, bien d'autres savants de l'antiquitĂ©, la terre Ă©tait restĂ©e plate ! Je vis la pierre qui supporte les angles de la terre. » Livre d'HĂ©noch, chap. 18. Il faudra attendre Copernic XVIĂšme pour changer l'image classique du monde en rĂ©affirmant sa rondeur et surtout pour casser le mythe aristotĂ©licien d'une terre immobile, centre de l'univers, devenu dogme chrĂ©tien. Il impose un soleil immobile la rĂ©volution copernicienne l'hĂ©liocentrisme, et Ă  sa suite GalilĂ©e XVIIĂš qui assoit dĂ©finitivement la thĂ©orie copernicienne grĂące Ă  ses travaux d'observation rendus possible par son invention de la lunette astronomique. On conçoit ainsi la loge, reprĂ©sentation du monde connu et plat, enfermĂ© dans un cercle parfait dont elle est le centre. Au centre du centre se trouve forcĂ©ment le Saint des Saints, c'est Ă  dire la DivinitĂ© » dont on ne peut prononcer le nom le nom ineffable ! Ceci est remarquablement illustrĂ© par le livre de RenĂ© Desaguliers Les Pierres de la Maçonnerie », un must ! Faut-il dĂšs lors s'Ă©tonner que cette image de la crypte soit une thĂ©matique centrale de la maçonnerie et de ses diffĂ©rents grades et degrĂ©s et ce, dĂšs les origines prĂ©-Pritchard. Ses formes sont diverses, d'un temple Ă  un sĂ©pulcre. Parmi ces reprĂ©sentations, nous connaissons les vieux grades de la VoĂ»te » ou de l' Arche » que l'on retrouve comme lĂ©gende centrale de systĂšmes maçonniques tels que l'Arche Royale ou le REAA. En son centre, bien entendu, se trouve toujours le Saint des Saints, ainsi que le nom ineffable » symbole important du monde juif, sous la forme d'un mot ou d'un texte. La reprĂ©sentation la plus connue de cela est cependant la lĂ©gende hiramique. La divulgation de Pritchard 1730 nous montre notamment deux thĂ©matiques le chemin et ses pĂ©ripĂ©ties et le lieu final d'enterrement le Saint de Saints du temple de Salomon. Dans les relations continentales, ce dernier Ă©lĂ©ment est souvent omis, alors qu'il est le point d'orgue final du Pritchard, et aussi des Three Distinct Knocks 1760, divulgation des Antients. Quant au nom ineffable perdu?, il se trouve dans de nombreuses reprĂ©sentations graphiques de divulgations françaises du XVIIIĂš traitant des 3 premiers degrĂ©s, gravĂ©s sur le cercueil d'Hiram. Explicitement il est retrouvĂ© sur Hiram mort, placĂ© dans un triangle d'or dans la divulgation anglaise le "rit de Bouillon" ca 1740. Ce schĂ©ma, chemin vers la crypte et la crypte elle-mĂȘme, nous le retrouvons notamment dans deux filiations importantes La crypte oĂč l'on redĂ©couvre le nom ineffable » connaĂźt une temporalitĂ© variable Le temple souterrain? d’HĂ©noch, se situe avant le dĂ©luge et donc avant la construction du temple de Salomon la crypte de ce temple est Ă©voquĂ©e dans le grade de Royal Arch du REAA parfois dĂ©signĂ© comme l' "Arche d'Enoch". Premier temple de Salomon sa rĂ©fection Royal Arch irlandais. Avant le dĂ©but des travaux du second temple de Zorobabel grade de la VoĂ»te. DĂ©but de la construction du second temple Royal Arch Ă©cossais, anglais, amĂ©ricain. Le chemin pour y arriver est dĂ©crit dans le grade de Chevalier de l'ÉpĂ©e ou d'Orient, ainsi que dans celui de Super-Excellent le Passing the Veils que l'on trouve dans le Royal Arch Ă©cossais et amĂ©ricain. Le compagnonnage n'est pas en reste. Faire la route est un Ă©lĂ©ment essentiel du mĂ©tier et le symbole libertĂ© de passage » est, faut-il s'en Ă©tonner, un symbole compagnonnique important. On peut penser que ces grades-lĂ©gendes, avec le temps, sont devenus divergeants, mais, en amont, auraient-ils une origine commune ? Et lĂ , on est un peu ennuyĂ©. Plusieurs lĂ©gendes mĂȘlant la crypte oĂč se trouve le nom ineffable » sous diverses formes existent. La plus souvent citĂ©e est celle de Philostorgius, VĂšme siĂšcle, dont une partie de son Histoire ecclĂ©siastique » a pu ĂȘtre conservĂ©e au cours des siĂšcles. Cette histoire fut reprise par Samuel Lee dans un livre de 1665 Orbis miracolum or the Temple of Solomon ». Mais aucune n'est vraiment complĂšte. HĂ©noch Puis la franc-maçonnerie va attribuer Ă  HĂ©noch ou Enoch la construction d'un temple antĂ©diluvien et d'une crypte oĂč se trouve un triangle d'or avec le nom ineffable. Trop beau pour ĂȘtre vrai ! Par contre le Livre d'HĂ©noch, apparemment Ă©crit Ă  l'Ă©poque du second temple, livre saint apocalyptique des coptes Ă©thiopiens, dont on a retrouvĂ© Ă©galement des fragments en aramĂ©en dans les manuscrits de la Mer morte, ce qui dĂ©montre Ă  la fois son anciennetĂ© et son succĂšs d'Ă©poque, fut rapportĂ© en Europe par un Ă©cossais en 1773, et cela va passionner les amateurs d'Ă©sotĂ©risme. Et on comprend l'engouement des francs-maçon de l'Ă©poque, HĂ©noch est l'arriĂšre grand-pĂšre de NoĂ©, et raconte l'histoire » jusqu'Ă  NoĂ©, lui-mĂȘme grand-pĂšre de Nemrod et l'Ă©pisode de la tour de Babel. NoĂ© est une figure symbolique majeure de la franc-maçonnerie que l'on rencontrera par exemple dans d'anciens manuscrits comme le Ms Graham anglais ca 1726 qui dĂ©crit la dĂ©couverte de la tombe de NoĂ© par ses trois enfants Sem, Cham et Japhet c'est une lĂ©gende quasi identique Ă  celle de la dĂ©couverte du corps d'Hiram. Les colonnes d’HĂ©noch ou antĂ©diluviennes la lĂ©gende maçonnique de la crypte soutenue par les deux colonnes du savoir construite par HĂ©noch, nous vient de Flavius JosĂšphe Ier siĂšcle Dans la crainte que leurs inventions ne parvinssent pas aux hommes et ne se perdissent avant qu'on en eĂ»t pris connaissance, - Adam avait prĂ©dit une cataclysme universel occasionnĂ©, d'une part, par un feu violent et, de l'autre, par un dĂ©luge d'eau, - ils Ă©levĂšrent deux stĂšles [55], l'une de briques et l'autre de pierres, et gavĂšrent sur toutes les deux les connaissances qu'ils avaient acquises ; au cas oĂč la stĂšle de brique disparaĂźtrait dans le dĂ©luge, celle de pierre serait lĂ  pour enseigner aux hommes ce qu'ils y avaient consignĂ© et tĂ©moignerait qu'ils avaient Ă©galement construit une stĂšle de brique. Elle existe encore aujourd'hui dans le pays de Siria [56] ». Cette lĂ©gende est reprise par exemple dans le Ms Dumfries Ă©cossais ca 1710. C'est l'HĂ©noch bĂątisseur qui va Ă©merger Ă  la suite de son pĂšre CaĂŻn, sur base d'un paragraphe de la Genese CaĂŻn connut sa femme; elle conçut, et enfanta HĂ©noc. Il bĂątit ensuite une ville, et il donna Ă  cette ville le nom de son fils HĂ©noc. » En effet, par extension, Philon d'Alexandrie Ă©poque de la naissance de JC en fera un Henoch, le bĂątisseur ». La suite coulait de source Quelques-uns font remonter notre Institution jusqu'au tems de Salomon, de MoĂŻse, des Patriarches, de NoĂ« mĂȘme. Quelques autres prĂ©tendent que notre Fondateur fut Énoch, le petit-fils du Protoplaste, qui bĂątit la premiĂ©re ville, & l 'apella de son nom. » second discours d'Andrew Ramsay en 1737, non prononcĂ© et publiĂ© dans Lettre de M de V*** », premiĂšre Ă©dition de 1738. Il ne fut pas le seul Ă  proposer cette lĂ©gende. On retrouve par exemple Henoch et ses colonnes antediluviennes dans le "Parfait Maçon" 1744. Puis, peut-ĂȘtre avec la redĂ©couverte du livre d'HĂ©noch, version Ă©thiopienne, au dernier tiers du XVIIIĂšme, nos prĂ©dĂ©cesseurs pouvaient imaginer un HĂ©noch bĂątisseur de temple, peut-ĂȘtre souterrain, comme certaines Ă©glises coptes d'Ethiopie, telle une crypte. L'imagination Ă©tait Ă  l'honneur puisqu'une traduction prĂ©cise Ă  partir du vieil Ă©thiopien n'interviendra qu'une cinquantaine d'annĂ©e plus tard. La boucle Ă©tait bouclĂ©e 
 ! Par exemple, l'Ark Mariner anglais, l'ordre des Noachites Ă  la fin de la pĂ©riode napolĂ©onienne, sont autant d'expression de cette belle imagination maçonnique portant sur Henoch et NoĂ©. Petite discussion L'origine des lĂ©gendes maçonniques plongent parfois bien loin. C'est souvent un corpus chrĂ©tien qui les sous-tend et les structure. MĂȘme si les aspects dogmatiques ont largement disparu de nos rituels pour la plupart des obĂ©diences francophones, la perspective diachronique reste indispensable pour leur comprĂ©hension. Elle nous permet de mieux comprendre les articulations et le symbolisme puissant qui nourrissent ces lĂ©gendes. Enlever les oripeaux du dogmatisme, laissant Ă  chacun le soin de se dĂ©finir dans son intimitĂ©, devrait rendre Ă  ces rituels une qualitĂ© Ă©sotĂ©rique, et non pas moraliste comme trop souvent, qui, prĂ©cisĂ©ment, va aider chacun dans sa dĂ©finition personnelle. C'est quelque part un de ses buts, non? Flemme Qui veut regarder ? D'habitude y'as du monde pour les thĂ©ories anciennes Nos ancĂȘtres sont les annunakis Le 12 fĂ©vrier 2021 Ă  201502 GengisKhanBan a Ă©crit Nos ancĂȘtres sont les annunakis Oui voilĂ  ils sont venus d'ailleurs ça raconte des trucs inĂ©dits ou c'est encore un mĂ©lange de trucs qu'on sait dĂ©jĂ  grĂące aux nombreux reportages ? Le 12 fĂ©vrier 2021 Ă  201718 Kamasoutra a Ă©crit ça raconte des trucs inĂ©dits ou c'est encore un mĂ©lange de trucs qu'on sait dĂ©jĂ  grĂące aux nombreux reportages ? Le reportage est inĂ©dit aprĂšs je sais pas j'ai jamais vu Les kheys sont trĂšs durs Surtout les ghostfags ça regarde, ça juge, ça regarde, ça se casse si c'est pas divertissant Vous ĂȘtes lĂ  ? Encore un os Ă  ronger qui va vous faire tourner en rond autour de la vĂ©ritĂ©. Cette Ă©mission je sais pas quoi en penser. C'est du matraquage putain. Soyez au moins conscient de ça, c'est anormal. Le 12 fĂ©vrier 2021 Ă  204311 SPlisken7 a Ă©crit C'est du matraquage putain. Soyez au moins conscient de ça, c'est matraquage ? Le 12 fĂ©vrier 2021 Ă  204039 SPlisken7 a Ă©crit Encore un os Ă  ronger qui va vous faire tourner en rond autour de la ça un os Ă  ronger ? n'est-ce pas du divertissement ? Les lĂ©gendes voyagent avec les peuples, de montagne en montagne. 1CAUCASE RELIEF, VERSANTS, PASSAGES. — DAGHESTAN ET MINGRÉLIE. — POPULATIONS. — ANTI-CAUCASE RELIEF ET ROUTES. — ARMÉNIENS ET KURDES. — HISTOIRE. 2Le Caucase appartient au monde ancien, plus par son mystĂšre que par son histoire. Il Ă©tait si peu connu qu’on le dĂ©signait d’ordinaire comme le Mont » par excellence, en le prenant indiffĂ©remment, soit pour un vaste ensemble de montagnes, soit pour un pic solitaire, pour un massif isolĂ©, comparable au mont ArgĂ©e ou au mont Ararat. Par contraste, d’aucuns s’imaginaient que la rĂ©gion montueuse du Caucase s’étendait jusqu’aux bornes du monde, jusqu’aux espaces glacĂ©s oĂč rĂšgne l’éternelle nuit. Cependant des mythes nombreux, diversement racontĂ©s par les peuples, du plateau de l’Iran aux rivages mĂ©diterranĂ©ens, pointaient vers ces monts comme vers une rĂ©gion oĂč des peuples puissants avaient leur origine et oĂč des Ă©vĂ©nements d’importance majeure dans la destinĂ©e de l’homme s’étaient accomplis. Mais les extrĂȘmes se touchent », bien plus encore dans le monde chaotique de l’ignorance que dans le conflit des passions humaines. Les mĂȘmes prodiges, les mĂȘmes Ă©vĂ©nements que l’on signalait comme ayant eu lieu sur les cimes du mont Caucase Ă©taient ceux qui s’étaient accomplis pour les Hindous sur les pics de l’Himalaya et pour les Iraniens sur l’Elvend ou le Demavend ; c’étaient Ă©galement ceux qui, de l’autre cĂŽtĂ© de l’Ancien Monde, devaient se produire sur les sommets des monts occidentaux. L’Atlas porte le Ciel — ou la Terre — ce que la logique se refuse Ă  comprendre, mais qui est un jeu pour la fable ; de mĂȘme le mont Ă  la double pointe », c’est-Ă -dire l’Elbruz actuel, est le berceau des Dioscures, les deux Ă©toiles Castor et Pollux, et la draperie frangĂ©e de ses neiges se rattache au voile immense du firmament. D’aprĂšs la lĂ©gende hellĂ©nique, hĂ©ritage de nations plus anciennes, un Titan, voleur de feu », fut clouĂ© sur le mont Caucase par la jalousie des dieux. Mais avant lui, combien d’autres PromĂ©thĂ©es avaient Ă©tĂ© fixĂ©s au sommet d’une montagne, Ă©crasĂ©s sous le poids des rochers. C’est ainsi que Zohak hurlait vainement dans une caverne du Demavend, de mĂȘme que plus tard Encelade tendait ses muscles impuissants Ă  renverser la masse de l’Etna. Les lĂ©gendes voyagent avec les peuples de cime en cime. 3Si peu connu que fĂ»t le mont Caucase comme orientation, forme et relief, du moins Ă©tait-il dĂ©signĂ© trĂšs justement comme une limite entre deux mondes. Le Caucase est un fragment du diaphragme » qui sĂ©pare le continent d’Asie en deux versants, du nord et du sud, et qui se continue en Europe par des crĂȘtes interrompues, monts de la Tauride, Alpes, PyrĂ©nĂ©es et monts Cantabres. Mais de toute cette succession d’arĂȘtes, aucune n’est plus nette, plus franchement dĂ©coupĂ©e que celle du Caucase proprement dit, qui se profile de la mer Caspienne Ă  la mer Noire ; la continuitĂ© de la saillie terrestre est bien marquĂ©e de part et d’autre. L’extrĂ©mitĂ© occidentale du rempart caucasien s’affile en pointe de lance vers la pĂ©ninsule de Taman pour reparaĂźtre, aprĂšs une courte interruption, dans les montagnes de CrimĂ©e ; les massifs orientaux semblent brusquement limitĂ©s par les eaux de la Caspienne, mais un seuil sous-marin se prolonge de l’ouest Ă  l’est entre deux cuvettes profondes de la mer intĂ©rieure et va rejoindre sur le rivage transcaspien la chaĂźne bordiĂšre que l’on dĂ©signe parfois sous le nom de Caucase des TurkmĂšnes », et qui, sous diverses appellations vulgaires, limite au nord-est le plateau d’Iran par ses chaĂźnons parallĂšles pour aller se fondre dans les hauts remparts de l’Hindu-Kuch. Carte 73. Relief du Caucase et des monts d’ArmĂ©nie 4Les deux versants du Caucase, au nord et au sud, contrastent absolument. Vers le septentrion, les montagnes s’abaissent par degrĂ©s, soit par des massifs latĂ©raux, soit par des petits Caucases » ou arĂȘtes secondaires alignĂ©es parallĂšlement Ă  la grande chaĂźne, suivant un ordre dĂ©croissant d’altitude. Mais dans l’ensemble, la pente est rapide, puisque les cavaliers, galopant dans la poussiĂšre de la steppe, aperçoivent en plein ciel, au-dessus des forĂȘts sombres, au-dessus des glaces Ă©tincelantes, les sommets vaporeux les plus Ă©levĂ©s. La plaine basse borde partout le pied des monts, semblable Ă  une mer qui bat la racine des falaises. D’ailleurs cette Ă©tendue presque horizontale fut en effet une mer Ă  une Ă©poque gĂ©ologique peu Ă©loignĂ©e de nous en cette dĂ©pression des terres, s’unirent les golles avancĂ©s de la mer Noire et de la Caspienne, et il en reste mĂȘme cette admirable coulĂ©e du ManĂźtch a double versant qui est incontestablement, au point de vue de la gĂ©ographie physique, la fosse divisant l’Europe et l’Asie. 5La face du Caucase qui regarde le soleil ne domine que des plaines fluviales limitĂ©es par des monts visibles de la grande crĂȘte et se rattache Ă  d’autres systĂšmes de montagnes et de plateaux. Un haut chaĂźnon transversal ayant encore prĂšs d’un millier de mĂštres, au seuil le plus bas, sous-franchi par le chemin de fer de Tiflis Ă  Batum, rĂ©unit les massifs les plus Ă©levĂ©s du Caucase Ă  l’ensemble des monts que l’on a quelquefois dĂ©signĂ©s sous le nom d’Anti-Caucase. Au sud des vallĂ©es de la Kura et du Rion, tout l’espace compris entre les deux mers est occupĂ© par des hauteurs qui dĂ©passent en maints endroits la zone oĂč peut sĂ©journer l’homme. Quelques trĂšs hauts sommets, cĂŽnes d’anciens volcans, l’Alagöz, l’Ararat, le Bingöldagh, commandent la rĂ©gion de leurs pointes neigeuses. De distance en distance se dressent les cimes superbes d’oĂč l’on voit le chaos apparent des chaĂźnes qui se profilent, d’un cĂŽtĂ© vers le plateau d’Iran, de l’autre cĂŽtĂ© vers le grand quadrilatĂšre de l’Asie Mineure et la cĂŽte de la Syrie. Type d’OssĂšte 6Ce contraste physique entre les deux versants caucasiens se rĂ©percute dans l’histoire des nations. Évidemment les hommes de la steppe, cheminant librement devant eux sans autre obstacle que des monticules de sable mouvant, des salines basses, des marais sans profondeur, doivent avoir d’autres mƓurs, une autre Ă©volution politique et sociale que les montagnards entourĂ©s de tous les cĂŽtĂ©s par des vallĂ©es profondes dont les habitants communiquent difficilement avec d’autres patries. D’un cĂŽtĂ©, la population aura des tendances Ă  la vie instable et nomade ; elle fera son apparition, puis, refoulĂ©e par d’autres migrateurs, elle quittera le pays sans laisser de traces. De l’autre cĂŽtĂ©, les peuples cantonnĂ©s en leur massif de montagnes ou parquĂ©s en leur bassin de culture, bien limitĂ©s, se composeront de bergers et d’agriculteurs rĂ©sidants ayant un genre de vie stable, des institutions permanentes, des rapports dĂ©terminĂ©s avec les nations limitrophes. L’histoire les embrasse volontiers dans ses descriptions et ses rĂ©cits, tandis qu’elle reste longtemps ignorante des hordes fugitives et lointaines qui s’agitaient au-delĂ  du Caucase. Village ossĂšte Dessin de G. Roux, d’aprĂšs une photographie 7Aux origines de l’humanitĂ© consciente, les monts d’entre Caspienne et Pont-Euxin prĂ©sentent donc deux faces Ă  caractĂšre bien distinct, le cĂŽtĂ© de la civilisation relative, celui de la barbarie ; la lumiĂšre au midi, et l’ombre sur le versant du nord. Cependant des Ă©changes pouvaient avoir lieu de l’une Ă  l’autre rĂ©gion, mais plus encore par une voie dĂ©tournĂ©e que directement par les passes des montagnes. On a constatĂ©, durant le cours des siĂšcles, que les mouvements de migrations et de conquĂȘtes se sont faits trĂšs frĂ©quemment de l’Asie antĂ©rieure et des plaines Sarmates — la Russie mĂ©ridionale — en se propageant Ă  l’ouest, par la Thrace europĂ©enne, le long des rives de la mer Noire. Jadis les KimmĂ©riens et les Scythes, de mĂȘme que les Turcs Ă  une Ă©poque plus rĂ©cente, firent ainsi le grand circuit en suivant les cĂŽtes, conformĂ©ment Ă  la loi du moindre effort ». 8Pourtant, si Ăąpre d’accĂšs, si difficile Ă  l’escalade que soit le multiple rempart du Caucase, placĂ© obliquement entre les deux mers, sur une longueur d’un millier de kilomĂštres et sĂ©parant l’une de l’autre des contrĂ©es fort diffĂ©rentes par la nature du sol et le climat, des peuples en fuite ou dans l’élan victorieux des expĂ©ditions guerriĂšres vinrent frĂ©quemment se heurter contre ces monts et tentĂšrent de les franchir. C’est en des occasions tout exceptionnelles, lors des grands Ă©branlements nationaux, qu’aux Ă©chancrures favorables dans les hautes arĂȘtes, des bandes armĂ©es cherchĂšrent Ă  forcer un passage ou que se produisit un mouvement de migration lente. 9La premiĂšre de ces portes naturelles s’ouvre vers le milieu de l’isthme, mesurĂ© de l’est Ă  l’ouest au lieu le plus Ă©troit, oĂč l’on compte environ 500 kilomĂštres de mer Ă  mer. Des deux cĂŽtĂ©s, de la Cis-Caucasie Ă  la Trans-Caucasie, on s’élĂšve vers le point faible de la chaĂźne par une large vallĂ©e, au nord celle du Terek, au sud celle de la Kura, les deux fleuves les plus abondants du Caucase ; les alignements des montagnes ne prĂ©sentent dans la rĂ©gion du seuil qu’une centaine de kilomĂštres d’épaisseur. Le point le plus haut du col, dit aujourd’hui le mont de la Croix » — Krestovaya Gora — 2 263 mĂštres, n’atteint pas la limite des neiges persistantes qui, dans certaines parties du Caucase, ne se trouve qu’à 3 500 et mĂȘme Ă  4 000 mĂštres d’altitude. La route Ă  suivre pour traverser la montagne en cet endroit est d’autant mieux indiquĂ©e que la chaĂźne du nord, prolongement de l’arĂȘte majeure du Caucase occidental, est complĂštement coupĂ©e par les eaux du Terek ; il n’y a lĂ  qu’une seule crĂȘte Ă  traverser et le voyageur qui a remontĂ© par gorges et vallĂ©es le long du fleuve et contournĂ© l’énorme massif du Kazbek, franchit un Ă©troit rempart et descend dĂ©jĂ  dans la vallĂ©e d’un affluent de la Kura. Carte 74. Passage du Darial 10Or, dĂšs les origines de l’histoire, on constate que des populations de provenance iranienne, les Osses ou OssĂštes, qui se donnent eux-mĂȘmes le nom d’Iron, s’étaient solidement Ă©tablis sur la voie de passage et occupaient les deux parois d’entrĂ©e et de sortie. GrĂące Ă  cette prise de possession, les Osses purent dĂ©fendre cet important chemin du Caucase, qui devait ĂȘtre un centre d’attraction par excellence pour les peuples migrateurs ; mais le danger dut ĂȘtre parfois trĂšs pressant, surtout Ă  l’époque oĂč le dĂ©luge des barbares descendait vers le midi, et c’est ainsi qu’il y a environ quatorze siĂšcles, les deux empereurs de Rum et d’Iran, Justinien et Chosrav Anurchivan ChosroĂ«s le Juste, unirent leurs efforts pour garder les portes du Darial, dans le dĂ©filĂ© central, contre les envahisseurs Khasar. 11Une autre porte naturelle du Caucase est celle qui s’ouvre Ă  l’est, le long des cĂŽtes de la Caspienne. Les montagnes s’abaissent de ce cĂŽtĂ© assez brusquement et laissent entre leurs promontoires de larges vallĂ©es oĂč serpentent les torrents descendus des hautes neiges. MĂȘme au pied des falaises, les plages de la mer offrent un large et commode chemin, grĂące Ă  l’abaissement des eaux marines, dont le niveau actuel se trouve Ă  27 mĂštres en contrebas de la mer d’Azov. C’est par ce passage qu’ont pĂ©nĂ©trĂ©, du sud au nord, les diverses populations Ă©migrantes descendues du plateau d’Iran ou des hautes terres voisines, MĂšdes et Perses, Turcs et Tarlares, Tat et Talich. 12Le Caucase reprĂ©sente un immense barrage que les peuples en marche cherchent Ă  franchir en son point faible. Par un phĂ©nomĂšne de poussĂ©e ethnologique parfaitement analogue au mouvement des eaux qui se produirait dans un rĂ©servoir, les Ă©migrants se heurtent contre l’énorme mur, et ne peuvent le traverser, puisque la seule porte d’écluse ouverte dans l’épaisseur du rempart est celle oĂč se sont Ă©tablis les Osses, appuyĂ©s sur les ouvrages de dĂ©fense construits dans la gorge de Darial ils auront donc Ă  se glisser Ă  droite en une longue veine par le passage qui suit le littoral de la Caspienne. En dehors de la brĂšche, le flot mobile des migrateurs se reploiera en tournoyant dans les plaines comme un immense remous, en projetant mĂȘme sa crĂȘte refluante dans quelque dĂ©pression du revers de la montagne. C’est en effet lĂ  ce qui s’est produit inondation des eaux, inondation des hommes obĂ©issant aux mĂȘmes lois. Ainsi nous voyons les Tat et les Talich du bassin de la Kura pĂ©nĂ©trer au loin dans l’étroit couloir des Portes de Fer » ; de mĂȘme le territoire des Tartares AzerbeĂŻdjani se continue au nord par celui des Tartares RumĂźk et ceux-ci ont pour voisins dans les plaines de la Cis-Caucasie, leurs devanciers, les Tartares NogaĂŻ, tandis que d’autres Tartares encore, les KaratchaĂŻ, ont Ă©tĂ© projetĂ©s par la poussĂ©e de migration jusque dans les vallĂ©es caucasiennes du versant septentrional. Mais la coulĂ©e de ces peuples venue du sud par le passage de la rive Caspienne se rencontre dans les basses plaines avec un dĂ©luge d’autres populations touraniennes arrivĂ©es par la large ouverture mĂ©nagĂ©e entre les monts Oural et la mer Caspienne. Carte 75. Daghestan, Portes de Fer 1 D’Ohsson. Voyage d’Abou el Cassim. 13Si les immigrants du sud ont Ă  diverses reprises suivi le bord occidental de la Caspienne pour se rĂ©pandre au nord dans les plaines Sarmates, le mouvement ethnique a pu se produire en sens contraire, et c’est pour Ă©viter ces invasions de nomades barbares que les dominateurs de la Trans-Caucasie s’occupĂšrent souvent de fortifier le dĂ©filĂ©, surtout Ă  l’endroit le plus favorable pour la rĂ©sistance, connu aujourd’hui sous le nom turc de Derbent ou Porte de Fer ». Avant l’invention de l’artillerie, le mur de dĂ©fense, qui se prolongeait Ă  une trentaine de kilomĂštres dans les montagnes et pĂ©nĂ©trait dans la mer par une haute jetĂ©e, Ă©tait vĂ©ritablement infranchissable. Firduzi, dans le Livre des Rois, en attribue la construction au grand MacĂ©donien, et la réédification Ă  Chosrav Anurchivan entre ces deux bĂątisseurs, la chronique mentionne aussi le roi persan Yezdegerd II, qui vivait au temps de l’invasion des Huns ; pour tous ces rois, il s’agissait de barrer la route aux peuples monstrueux » du nord, aux effroyables Gog et Magog », ou, suivant la terminologie mahomĂ©tane, aux Yadjuj et Madjuj1. Le poĂšte dĂ©crit ainsi l’Ɠuvre d’Alexandre Ayant dĂ©posĂ© par couches successives des lits de cuivre, de fer, de plomb, de pierres, de troncs d’arbres et de fascines, il fit allumer et attiser le tout par cent mille forgerons, jusqu’à ce que tous les mĂ©taux fussent fondus en une seule masse. » Le mur que nous voyons aujourd’hui est censĂ© le reste de ce rempart d’Alexandre. 14En dĂ©pit des Alexandre et des autres rois lĂ©gendaires, les Yadjuj et les Madjuj, c’est-Ă -dire des envahisseurs de toutes les races du nord, passĂšrent par le chemin fatal, qui d’ailleurs n’est point barrĂ© dans sa partie septentrionale. En cette rĂ©gion du Caucase, dite aujourd’hui le Daghestan ou Pays des Montagnes », entre la pointe d’Apcheron et la vallĂ©e du Sulak, les vallĂ©es rayonnent vers l’est, le nord-est et le nord, et c’est ainsi que successivement purent se glisser vers l’intĂ©rieur du massif des multitudes de ces fugitifs et conquĂ©rants qui, avec les immigrants du versant mĂ©ridional, se pressent en une si Ă©tonnante Babel de nations hĂ©tĂ©rogĂšnes. 15Toute la partie occidentale du Caucase comprise entre le Darial et le Bosphore cimmĂ©rien kimmĂ©rien prĂ©sente une trĂšs grande unitĂ© dans ses Ă©lĂ©ments ethniques, unitĂ© qui correspond d’une maniĂšre frappante avec la simplicitĂ© de sa formation orographique. Carte 76. VallĂ©es fermĂ©es du Caucase occidental 16En premier lieu, la chaĂźne occidentale, trĂšs rĂ©guliĂšre dans son orientation vers le nord-ouest, se prĂ©sente rĂ©ellement comme un mur inexpugnable sur un dĂ©veloppement d’environ 200 kilomĂštres, du Kazbek Ă  l’Elbruz ou Minghi-Taou ; en outre, la faible Ă©paisseur relative de la chaĂźne ne laissant Ă  l’intĂ©rieur qu’un petit nombre de bassins favorables Ă  la colonisation, les migrateurs que la lutte pour l’existence avait menĂ©s au pied du Caucase occidental ou de ses chaĂźnons parallĂšles, soit au nord, soit au sud, devaient s’arrĂȘter dans leur marche ou se replier latĂ©ralement dans la direction de la mer. La montagne ne leur offrait dans cette partie de son arĂȘte qu’un petit nombre de brĂšches transversales invitant les voyageurs Ă  l’ascension ; les murs parallĂšles qui se succĂšdent du nord au sud sont trĂšs difficiles Ă  franchir, les plus bas Ă  cause de leurs roches abruptes et de leurs forĂȘts continues et presque impĂ©nĂ©trables, les plus hauts Ă  cause de leurs neiges. Quant Ă  tenter un voyage circulaire pour contourner de l’un Ă  l’autre versant l’extrĂ©mitĂ© du Caucase occidental, il eĂ»t Ă©tĂ© presque chimĂ©rique de l’entreprendre, car sur la rive mĂ©ridionale, les promontoires, tous faciles Ă  dĂ©fendre par un petit nombre d’hommes, plongent par centaines dans les flots de la mer Noire. Il y a deux mille annĂ©es, une armĂ©e de travailleurs, sous les ordres de Mithridate , s’installa sur ce littoral pour y tracer une route en corniche comme celle qui suit le rivage de la MĂ©diterranĂ©e entre Nice et la Spezia c’était le seul moyen d’unir les deux moitiĂ©s de son immense empire, au nord et au sud du Pont-Euxin ; mais cette route n’eut son effet que pendant un petit nombre de dĂ©cades, car les empereurs de Rome, ni ceux de Byzance, ne prirent aucun souci de l’entretenir ; les Russes ne la rĂ©tablirent qu’aprĂšs un abandon de vingt siĂšcles. 17Au massif de montagnes, un dans sa formation, correspond une population une par ses origines, ses mƓurs et son histoire, mais que le cantonnement en petits groupes a puissamment diffĂ©renciĂ©e. À l’exception des Svanes du haut bassin de l’Ingur et des KaratchaĂŻ, gens du Torrent Noir », des vallĂ©es septentrionales voisines de l’Elbruz, tous les habitants des montagnes de l’ouest appartenaient au groupe des nations plus ou moins mĂ©langĂ©es que l’on dĂ©signait jadis sous le nom gĂ©nĂ©rique de Tcherkesses ou Circassiens. Il est vrai que les Kabardes Kabardin, KabertaĂŻ de l’est, les AdighĂ© du nord-ouest, les Abazes ou Abkhazes du versant mĂ©ridional prĂ©sentent entre eux de notables diffĂ©rences provenant du sol, du climat et des relations de commerce, mais ils constituaient un groupe ethnique parfaitement reconnaissable. Telle Ă©tait, d’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, la distribution des peuples dans le Caucase avant l’arrivĂ©e des Russes, et l’on peut dire en toute certitude qu’à l’époque antĂ©historique, les conditions du milieu, analogues Ă  celles de nos jours, dĂ©terminaient un groupement de mĂȘme nature chez les rares habitants. 18Quelle que fĂ»t l’origine de telle ou telle tribu des montagnes, la nature de la contrĂ©e condamnait la plupart des indigĂšnes Ă  une existence entiĂšrement isolĂ©e. Les vallĂ©es du Caucase, n’offrant qu’une porte du cĂŽtĂ© de la plaine et limitĂ©es de tous les autres par les neiges, des glaciers inaccessibles, constituaient autant de domaines distincts, parfois mĂȘme de vĂ©ritables prisons, d’immenses chausses-trappes dans lesquelles des peuplades se trouvaient enfermĂ©es, gardant leur individualitĂ© particuliĂšre. Telle vallĂ©e de la SvanĂ©tie SouanĂ©tie, Svanie ou du Daghestan Ă©tait un monde vĂ©ritablement clos oĂč quelque famille emprisonnĂ©e vivait inconnue des nations du dehors, formant Ă  elle seule une petite humanitĂ© ignorant la grande humanitĂ© du vaste monde. En aucune autre rĂ©gion montagneuse de l’Europe et de l’Asie, on ne constate l’existence de tant de groupes humains se distinguant nettement les uns des autres et se refusant Ă  reconnaĂźtre des liens de parentĂ© pourtant incontestables. C’est que nulle autre contrĂ©e que le Caucase ne prĂ©sente en mĂȘme temps et au mĂȘme degrĂ© des caractĂšres d’ordre plus diffĂ©rent, n’exerce, par la richesse naturelle de sa flore et la douceur de son climat, une si grande force d’attraction, ne dĂ©tient, par la forme de ses bassins Ă  difficile issue, une telle puissance de fixation. 19Un passage de la GĂ©ographie de Strabon, trĂšs frĂ©quemment citĂ© liv. XI, ch. II, p. 16 relate que, d’aprĂšs les rĂ©cits des marchands, trois cents peuples » se rencontraient parfois sur le marchĂ© de Dioscurias, la Sukhum-Kaleh actuelle. Le gĂ©ographe grec, protestant contre cette exagĂ©ration, Ă©value cependant Ă  soixante-dix le nombre des populations diverses Ă  langues distinctes, dont les reprĂ©sentants Ă©changeaient leurs denrĂ©es dans la ville des Dioscures ces renseignements prĂ©cis, Strabon les devait sans doute Ă  Moapherne, l’oncle paternel de sa mĂšre, qui avait Ă©tĂ© gouverneur de la Colchide liv. XI, ch. II, p. 18, et l’on peut d’autant mieux croire Ă  leur vĂ©ritĂ© approximative que, pour la seule Trans-Caucasie, le recensement de 1891 Ă©numĂšre soixante-six peuples diffĂ©rents, et que l’on en compte un peu plus de quatre-vingts pour l’ensemble du Caucase. Il y a donc coĂŻncidence, Ă  dix-huit cents ans d’intervalle, entre le dire de Strabon et les relevĂ©s prĂ©cis fournis de nos jours par les ethnologistes et les statisticiens ; l’histoire tĂ©moigne que, malgrĂ© les migrations et les dĂ©placements, le fonds ethnique est restĂ© le mĂȘme plusieurs peuplades, tels les Svanes, sont cantonnĂ©s immuablement dans la citadelle de montagnes qu’habitaient leurs aĂŻeux. D’ailleurs Strabon donne de cette prodigieuse variĂ©tĂ© des Caucasiens, une explication tout Ă  fait erronĂ©e, absurde plutĂŽt Il faudrait l’attribuer, dit-il, Ă  la vie errante que mĂšnent ces peuples » ; c’est tout le contraire. Cette variĂ©tĂ© provient de la semi-fermeture des vallĂ©es caucasiennes dans lesquelles les tribus sont forcĂ©ment isolĂ©es elles ne peuvent entremĂȘler leurs vies, et ne se connaissent que par les rencontres des marchands en des lieux de foire lointains. 20Ainsi divisĂ©e en domaines nombreux, la Caucasie ne pouvait constituer un empire, un Ă©tat homogĂšne tout au plus des pillards descendus de la montagne dominaient-ils temporairement les populations terrorisĂ©es des plaines adjacentes, ou bien des conquĂ©rants de la campagne ouverte pĂ©nĂ©traient-ils dans quelque vallĂ©e tributaire ; mais les facilitĂ©s de la dĂ©fense et les difficultĂ©s de l’attaque, jointes Ă  la presque impossibilitĂ© des transports, devaient maintenir pendant des siĂšcles l’équilibre premier des nombreuses petites nationalitĂ©s juxtaposĂ©es. C’est du dehors qu’arrivaient fatalement les conquĂ©rants, et ils n’ont pu s’y maintenir qu’à une Ă©poque oĂč les plaines du nord, occupĂ©es par une population trĂšs considĂ©rable, lui fournissaient, par l’industrie et la richesse, une Ă©norme puissance d’attaque. Ces conditions n’ont Ă©tĂ© remplies que pendant le courant du siĂšcle dernier, qui vit naĂźtre la puissance de la Russie dans ces parages. 2 Champeaux, Science sociale. — Vivien de St-Martin, Recherches sur les Populations primitives du Cau ... 21Toutefois les cent petites nations isolĂ©es devaient trafiquer les unes avec les autres et de proche en proche s’établit un mouvement commercial qui fut dĂ©jĂ  considĂ©rable dĂšs les temps mythiques, ainsi que nous le raconte la lĂ©gende de la Toison d’or. Les Grecs naviguaient directement vers les bouches du Phase, le Rion actuel, mais ils recevaient surtout par des intermĂ©diaires les mĂ©taux et autres objets de valeur provenant de la rĂ©gion du Caucase. Dans la division naturelle du travail qui s’opĂšre parmi les peuples, conformĂ©ment aux conditions spĂ©ciales de leur milieu, certaines tribus se chargĂšrent du transport, et, grĂące Ă  leur mĂ©tier pacifique, nĂ©cessaire Ă  tous, acquirent partout le droit d’hospitalitĂ©. C’est ainsi que l’on a de trĂšs sĂ©rieux indices pour admettre l’existence d’un commerce Ă©tabli rĂ©guliĂšrement entre le Caucase et les bords de la mer Baltique par l’entremise des Osses — peut-ĂȘtre aussi par celui des Ases immigrĂ©s en Scandinavie et que des liens de parentĂ© rattacheraient Ă  la population occupant alors et occupant encore les deux versants du passage du Darial2. 22ComparĂ©s Ă  la muraille qui se dresse obliquement entre les deux mers — Pont-Euxin et Caspienne —, les divers massifs auxquels on donne quelquefois le nom d’Anti-Caucase, n’ont aucune rĂ©gularitĂ© dans leur distribution et prĂ©sentent plusieurs centres de formation et de rĂ©sistance, compliquĂ©s de cassures et de plissements qui tĂ©moignent d’une histoire gĂ©ologique trĂšs mouvementĂ©e. On peut reconnaĂźtre dans ce dĂ©dale plusieurs alignements de montagnes, mais nulle part de longues arĂȘtes continues comme le mur caucasien. Les chaĂźnes ont Ă©tĂ© dĂ©coupĂ©es sans ordre apparent en plusieurs fragments secondaires par les gaves et les fleuves ici le Rion et le Tchorukh, ailleurs l’Araxe et la Kura, Ă  l’ouest et au sud-ouest les divers affluents de l’Euphrale, au sud-est ceux du Tigre ont dĂ©blayĂ© un cube Ă©norme de dĂ©bris pour le distribuer en alluvions dans la mer Noire, la Caspienne et le golfe Persique. Ces grandioses phĂ©nomĂšnes d’érosion eurent pour rĂ©sultat de vider la plupart des Ă©tendues d’eau qui occupaient jadis les cavitĂ©s de ces hautes terres, mais il en reste encore un certain nombre, grandes et petites. Moins Ă©levĂ© en moyenne et de dimension plus vastes, l’Anti-Caucase offre des pentes forcĂ©ment moins rapides que celles des monts caucasiens et par consĂ©quent il doit retenir ses bassins lacustres plus longtemps avant qu’ils soient vidĂ©s par les profondes coupures des lits fluviaux. 23Les monts ArmĂ©niens qui dressent leurs escarpements au sud des campagnes transcaucasiennes, reposent sur une base uniforme d’environ 2 000 mĂštres, diversement Ă©rodĂ©e par les torrents. Plusieurs massifs commandent çà et lĂ  le socle du plateau dĂ©sert ou les profondes vallĂ©es dĂ©coupĂ©es Ă  leur base. De la percĂ©e de l’Euphrate Ă  celle de l’Araxe et de la plaine de la Kura au versant des monts tournĂ©s vers le Tigre, le voyageur parcourt une contrĂ©e inĂ©gale oĂč, sur des espaces de centaines de kilomĂštres en longueur, il voit de toutes parts un cercle d’horizon dentelĂ© de montagnes. Des gĂ©ants comme le volcan Alagöz ou Mont BigarrĂ© » et comme le Masis, plus connu dans tout le monde occidental sous le nom d’Ararat, dominent ce chaos apparent, mais nulle part de maniĂšre Ă  limiter complĂštement un domaine gĂ©ographique sans issue facile vers l’extĂ©rieur. Le pays prĂ©sente partout des obstacles, que partout aussi on peut franchir ou tourner. De lĂ  quelque chose de vague ou d’imprĂ©cis dans l’aspect de la contrĂ©e on ne sait quel nom lui donner parce qu’elle n’a pas de limites naturelles et que de tous les cĂŽtĂ©s elle se termine par des zones de transition. À l’ouest, la ligne de sĂ©paration entre l’Asie Mineure et l’Anti-Caucase est marquĂ©e, beaucoup moins par le cours du haut Euphrate ou Kara-su, l’Eau Noire », que par la dĂ©pression gĂ©nĂ©rale de la contrĂ©e tout le long du mĂ©ridien qui continue au nord la partie la plus occidentale de la vallĂ©e du fleuve. 24À proximitĂ© du golfe d’Alexandrette, la plaine oĂč se trouvent de nos jours Biredjik et Marach se continue au nord vers la courbe trĂšs allongĂ©e de la cĂŽte sud-orientale du Pont-Euxin par des plateaux relativement faciles d’accĂšs l’ensemble de la rĂ©gion constitue une coupure assez nette de l’une Ă  l’autre mer et peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme formant la racine de la pĂ©ninsule d’Anatolie. Cependant un Ă©cran de montagnes masque au sud cette contrĂ©e de transition entre l’ArmĂ©nie et l’Asie Mineure, et l’Euphrate lui-mĂȘme, plusieurs de ses affluents, enfin le Djihun coulant vers la MĂ©diterranĂ©e, ont Ă  traverser cette barriĂšre par d’ñpres dĂ©filĂ©s. Au nord, sur le versant de la mer Noire, d’autres gorges Ă©troites oĂč grondent les riviĂšres correspondent Ă  celles de l’irrĂ©guliĂšre sĂ©rie des remparts mĂ©ridionaux. 25Dans leurs hautes vallĂ©es, les diverses branches maĂźtresses de l’Euphrate font partie d’une aire gĂ©ographique tout Ă  fait diffĂ©rente de celle des plaines d’en bas. L’unitĂ© apparente donnĂ©e par l’écoulement des eaux entre les rĂ©gions montagneuses des gaves supĂ©rieurs et le cours sinueux des fleuves proprement dits est purement illusoire. La direction mĂȘme que prennent les deux riviĂšres Muhrad-su et Kara-su pour former le haut Euphrate est celle de l’orient Ă  l’occident, et se rattache historiquement beaucoup plus Ă  la vallĂ©e de l’ancien Halys de Cappadoce, le moderne Kizil Irmak, qu’à celle des fleuves de la MĂ©sopotamie. Dans les rĂ©gions septentrionales, le mouvement des nations se faisait de l’est Ă  l’ouest, de l’ArmĂ©nie vers l’Asie Mineure ou inversement, tandis qu’au sud le va-et-vient des hommes avait lieu dans un sens perpendiculaire, du nord au sud, dans les Ă©migrations, et du sud au nord dans les marches d’invasion et de conquĂȘte. 3 Livre III, 94 ; Fr. Lenormant, Les Origines de l’Histoire, tome ii, pp. 2, 3 et suiv. 26L’appellalion d’ArmĂ©nie sous laquelle le pays qui fait face au Caucase est souvent dĂ©signĂ©, d’aprĂšs ses habitants les plus civilisĂ©s, ne prĂ©sente une certaine valeur qu’au point de vue purement ethnologique, et d’ailleurs, mĂȘme avant les massacres, peu nombreux Ă©taient les districts oĂč les reprĂ©sentants de cette nation se trouvaient en majoritĂ© trĂšs souvent les ArmĂ©niens ont dĂ» se dĂ©placer en diverses directions sous la pression des peuples voisins. MĂȘme les noms locaux ont frĂ©quemment changĂ©. Le nom d’Ararat, aujourd’hui exclusivement appliquĂ© Ă  la grande montagne du Masis, avait autrefois une signification beaucoup plus ample. Sous la forme assyrienne Urartu ou Arartu, ce terme dĂ©signait constamment la partie nord-orientale de l’ArmĂ©nie, surtout la plaine de l’Araxe pour saint JĂ©rĂŽme encore, l’Ararat Ă©tait, non le volcan superbe, mais la vaste campagne fertile s’étendant vers la Caspienne. En un mot, I’Ararat Ă©tait le pays des Alarodiens ou Araratiens mentionnĂ©s par HĂ©rodote3. Carte 77. Racine de la pĂ©ninsule d’Anatolie 4 Livre I, 72, 194 ; VII, 73. 5 MoĂŻse de KhorĂšne ; Fr. Lenormant, Les Origines de l’Histoire, tome ii, pp. 372 et suiv. 27D’autre part, le nom ArmĂ©nie » paraĂźt avoir Ă©tĂ© anciennement donnĂ© Ă  la partie sud-occidentale de la contrĂ©e ainsi dĂ©nommĂ©e de nos jours HĂ©rodote ne connaĂźt d’ArmĂ©niens que sur le haut Euphrate, prĂšs de la Phrygie et dans les montagnes oĂč le Halys prend sa source4. La migration de ce groupe humain se fit donc dans la direction de l’occident Ă  l’orient et finit par aboutir Ă  la vallĂ©e de l’Araxe5. C’est vers le dĂ©but de la dynastie des AkhĂ©mĂ©nides que des ArmĂ©niens ou HaĂŻkanes — Ascaniens » — auraient peuplĂ© les alentours du massif de I’Ararat, devenu le centre gĂ©ographique de leur domaine. Un souvenir de l’ancien sĂ©jour se trouve dans le nom d’Achkenaz, antique appellation des Phrygiens. D’aprĂšs un trĂšs grand nombre de philologues, la mer connue jadis sous les noms de Pontos Axenos ou Axeinos aurait Ă©tĂ© ainsi dĂ©signĂ©e Ă  cause des Ascaniens de ses rivages plus lard, les marins grecs auraient modifiĂ© ce mot pour lui donner dans leur langue un sens de bon augure. 28Il suffit de comparer les massifs irrĂ©guliers de l’Anti-Caucase et des monts dits vaguement Taurus armĂ©nien avec la longue chaĂźne du Caucase, Ă©troite, difficilement abordable, pour comprendre combien le mouvement de l’histoire devait ĂȘtre diffĂ©rent dans les deux rĂ©gions les monts et les plateaux du district mĂ©ridional, coupĂ©s de routes traversiĂšres, sont beaucoup plus faciles Ă  franchir que le formidable rempart septentrional qui barrait la route aux peuples en marche. 29Les terres hautes de l’ArmĂ©nie — dont la partie la plus massive et la plus unie fait directement face au Caucase et profile ses chaĂźnes parallĂšles ou ramifiĂ©es entre le plateau de l’Iran et le cours supĂ©rieur de l’Euphrate — ne peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme un corps gĂ©ographique ayant un caractĂšre rĂ©el d’unitĂ©, mais on comprend bien qu’une nation dominant par le nombre, par la force ou par la valeur relative de sa civilisation, ait tentĂ© d’y former un empire, mĂȘme un empire conquĂ©rant, et de subjuguer les populations des plaines environnantes. Cependant il faut constater aussi que cette rĂ©gion est attaquable sur tous les points de sa vaste circonfĂ©rence de toutes parts s’ouvrent des brĂšches dans le mur de la citadelle. Carte 78. Relief des monts d’ArmĂ©nie 30Ainsi les populations enfermĂ©es dans les bassins de la Kura et du Rion, c’est-Ă -dire dans la large avenue transcaucasienne, pouvaient sur plusieurs points chercher une issue pour elles-mĂȘmes ou pour l’excĂ©dent de leurs jeunes hommes. Une premiĂšre porte facile leur Ă©tait ouverte au sud par la vallĂ©e de l’Araxe ; ceux qui la remontaient, assez nombreux et assez vaillants pour en refouler les aborigĂšnes, contournaient toute la moitiĂ© orientale de l’Anti-Caucase et pĂ©nĂ©traient sans escalade jusqu’au merveilleux jardin d’Érivan, entre les deux bassins de l’Alagöz et du Masis, oĂč ils pouvaient choisir, vers les cent sources de l’Euphrate, le passage qui leur paraissait le moins haut et le moins dĂ©fendu. Pour les habitants des campagnes transcaucasiennes qui se trouvent vers le centre de l’isthme, le chemin d’attaque le plus favorable Ă©tait celui qu’emprunte maintenant la route carrossable, par le col de Delijan et la rive occidentale du Gok-tchaĂŻ ; arrivĂ©s sur ces hauteurs, ils pouvaient soit descendre dans la plaine d’Erivan, soit gagner Ă  l’ouest la rĂ©gion de partage des pentes, dont les Russes modernes ont pris soin de s’emparer pour en utiliser Ă  leur profit les points stratĂ©giques lĂ  s’élĂšvent les citadelles de Kars et d’Alexandropol. La haute vallĂ©e de la Kura offre un quatriĂšme passage, et, par le littoral de la mer Noire, dans le Lazistan, d’autres peuples gagnaient les sentiers qui rayonnent sur les pĂąturages autour du bassin du Tchorukh. 31La facilitĂ© relative d’accĂšs que prĂ©sentaient aux peuples migrateurs les monts de l’Anti-Caucase et du Taurus explique les guerres incessantes qui ont sĂ©vi dans ces contrĂ©es et les dĂ©placements nombreux de populations qui s’y sont produits. Les habitants, pressĂ©s de divers cĂŽtĂ©s, mĂ©langĂ©s, fragmentĂ©s, sont en consĂ©quence limitĂ©s d’une maniĂšre beaucoup moins prĂ©cise que leurs voisins du Caucase ; les territoires d’habitation ont changĂ© beaucoup plus souvent ; des migrations ont eu lieu dans tous les sens ; les langues, les races, les traditions se sont mĂ©langĂ©es de prĂ©tendus Turcs sont d’origine grecque, des Juifs ou Kurdes se disent ArmĂ©niens. Les Kurdes sont d’ailleurs ceux qui, depuis les origines de l’histoire, paraissent avoir le mieux gardĂ© leur type, et cela se comprend, car ils habitent les districts montagneux les plus Ă©levĂ©s et les plus abrupts les envahisseurs cherchant des chemins faciles pour aller Ă  leurs conquĂȘtes se sont Ă©cartĂ©s prudemment des escarpements arides et des vallĂ©es supĂ©rieures souvent obstruĂ©es par les neiges. Carte 79. Routes de l’Anti-Caucase 32À la diversitĂ© des races de l’Anti-Caucase et du Taurus correspond celle des religions, et le motif de cette grande variĂ©tĂ© de cultes se retrouve dans les conditions gĂ©ographiques du milieu, non point, comme on aimait Ă  le rĂ©pĂ©ter autrefois, dans les mystĂ©rieux dĂ©crets de la Providence ». Les montagnes bordiĂšres de l’Asie Mineure sont situĂ©es vers le centre de gravitĂ© des contrĂ©es oĂč naquirent le mazdĂ©isme, le judaĂŻsme, le christianisme, et le conflit de ces diverses croyances, de ces forces enfermĂ©es dans une mĂȘme arĂšne, devait nĂ©cessairement produire des religions mixtes, notamment celles qui, sous diverses formes, reçurent le nom gĂ©nĂ©rique de gnosticisme ». Puis tous ces cultes furent condamnĂ©s Ă  de nouvelles Ă©volutions, lorsque l’islam eut Ă  son tour apparu sur la scĂšne de l’Asie antĂ©rieure et mĂ©diterranĂ©enne. Ce sont lĂ  des phĂ©nomĂšnes qui se rattachent au domaine de la mĂ©canique sociale et se conforment Ă  ses lois. 33Les ArmĂ©niens, Ă©pars sur les pentes des monts et dans les hautes vallĂ©es autour de l’Ararat, ne trouvĂšrent jamais dans leurs pays natals de ressources suffisantes pour leur entretien ; comme tant d’autres peuples montagnards, ils devaient aller gagner leur vie en des contrĂ©es Ă©trangĂšres ; mais ce qui les distinguait d’autres migrateurs, c’est que l’élĂ©ment intellectuel Ă©tait fortement reprĂ©sentĂ© chez eux. Un fait gĂ©ographique important explique en grande partie ce privilĂšge des HaĂŻkanes. Leur patrie, comparĂ©e Ă  celle des Kurdes dont le territoire s’entremĂȘle au leur comme des fils divers dans un tapis, consiste surtout en terrasses largement aĂ©rĂ©es, en vastes campagnes bordant des rivages lacustres ou remplissant le fond de bassins jadis inondĂ©s, tandis que, dans le voisinage immĂ©diat, des massifs abrupts de montagnes, coupĂ©s de dĂ©filĂ©s, de gorges difficiles, donnent asile Ă  des bergers, vivant lĂ -haut, dans les neiges, d’une existence Ăąpre et pĂ©rilleuse. Le contraste de la nature se prĂ©sente sur mille points dans toute cette rĂ©gion tourmentĂ©e, et une opposition correspondante se montre dans les mƓurs et les qualitĂ©s hĂ©rĂ©ditaires des populations respectives. GrĂące au milieu, les unes se mirent surtout Ă  l’agriculture, associĂ©e Ă  un commerce d’émigration pĂ©riodique, les autres s’en tinrent Ă  l’élĂšve des troupeaux, complĂ©tĂ©e, en temps et lieu, par des expĂ©ditions de brigandage. 6 A. H. Sayce, Les HĂ©tĂ©ens, Annales du MusĂ©e Guimet, p. 50. 34Quoi qu’il en soit, les habitants de l’Anti-Caucase n’eurent pas frĂ©quemment le bonheur de se maintenir indĂ©pendants, mĂȘme durant l’existence du royaume dit de Van tel ou tel ensemble de vallĂ©es ne pouvait constituer un groupe autonome qu’aux Ă©poques pendant lesquelles de grands empires envahissants ne s’étaient pas constituĂ©s au midi. Nous ne connaissons du reste l’histoire de la rĂ©gion montagneuse qui s’étend du lac de Van au lac d’Urmiah, c’est-Ă -dire du pays d’Urartu — identique Ă  l’Ararat des HĂ©breux — que par les annales assyriennes, car l’art de l’écriture, enseignĂ© par les scribes ninivites, mais appliquĂ© Ă  un idiome sans rapport avec l’assyrien, ne pĂ©nĂ©tra dans cette contrĂ©e qu’à l’époque d’Assurnazirpal. Pendant une pĂ©riode d’au moins sept cents annĂ©es, commençant trente-quatre siĂšcles avant l’époque actuelle, l’influence des Assyriens fut prĂ©pondĂ©rante en Urartu, et mĂȘme, sous le roi Sargon, la domination exercĂ©e directement par les conquĂ©rants du sud paraĂźt avoir Ă©tĂ© acceptĂ©e sans aucune tentative de rĂ©sistance. Elle fut, Ă  vrai dire, plus d’une fois violemment troublĂ©e par des invasions kimmĂ©riennes et scythes ; le nom de ce dernier peuple se retrouve mĂȘme dans celui de SacasĂšne, province du Haut Araxe, citĂ© par Strabon. Quelques documents signalent aussi des guerres entre les princes de Van et les HĂ©tĂ©ens, Ă©tablis dans la Syrie du nord6. Le lac et la citadelle de Van Dessin de G. Roux, d’aprĂšs une photographie 35Sur le territoire d’ArmĂ©nie appartenant actuellement Ă  l’empire russe, Nikolski et d’autres archĂ©ologues ont, jusqu’en l’annĂ©e 1895, dĂ©couvert vingt-trois grandes inscriptions cunĂ©iformes, et l’on en connaĂźt en tout une centaine dans l’ensemble du pays armĂ©nien qui se prolonge au sud et Ă  l’est, jusque dans l’AzerbeĂŻdjan ; il est vrai que toutes ne sont pas encore dĂ©chiffrĂ©es, quelques modifications des signes assyriens rendant la lecture de ces documents pĂ©trographiques assez difficile. De tous ces monuments Ă©crits, le plus remarquable est celui recouvrant de ses cinq cents lignes une des parois du piĂ©destal de rochers qui porte la citadelle de Van, attribuĂ©e par la lĂ©gende Ă  la fabuleuse SĂ©miramis il raconte les hauts faits d’un roi Argichtis 1er qui, pendant une Ă©clipse de la puissance assyrienne prĂ©cĂ©dant le rĂšgne de Tiglatphalazar II Tugultipalesharra, poussa ses conquĂȘtes jusqu’à la MĂ©diterranĂ©e syrienne. L’ordre gĂ©ographique dans lequel se succĂšdent ces inscriptions montre quelle Ă©tait la direction des voies historiques par la forme mĂȘme des plateaux et des massifs de montagnes, elle Ă©tait, pour ainsi dire, dictĂ©e d’avance, et depuis cette Ă©poque elle n’a point changĂ©. La civilisation qui prĂ©valait dans ces contrĂ©es Ă  l’époque de l’influence assyrienne paraĂźt avoir Ă©tĂ©, Ă  bien des Ă©gards, supĂ©rieure Ă  celle des populations actuelles, puisque des canaux d’irrigation rayaient les lianes des collines au-dessus de toutes les vallĂ©es et que maintenant on en est rĂ©duit Ă  des projets pour les rĂ©tablir Ă  grand prix. Il reste encore beaucoup Ă  faire pour restaurer en leur ancien Ă©tat les rĂ©seaux d’arrosement dans toute l’antique ArmĂ©nie ; la longue sujĂ©tion du peuple l’a privĂ© de l’énergie nĂ©cessaire pour le bel amĂ©nagement de son domaine. Scythes armĂ©s de lances, d’aprĂšs le vase de Kul-Boa MusĂ©e de l’Hermitage, Ă  St-PĂ©tersbourg 36AprĂšs les Assyriens, vinrent les rois MĂšdes, dont l’ArmĂ©nie resta tributaire ; puis Cyrus supplanta les souverains de la MĂ©die, pour agrandir encore leur empire et rattacher plus Ă©troitement Ă  sa puissance la nation des HaĂŻkanes ; enfin, lorsque la domination persane s’écroula, l’ArmĂ©nie partagea le destin de toutes les contrĂ©es qu’embrassait la conquĂȘte d’Alexandre. Le pays de l’Ararat faisait dĂ©sormais partie du monde assujetti Ă  l’occident.

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